Contes & Cie #08

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Aujourd’hui une chronique autour du conte pour enfants LE plus connu et le plus détourné en France : LE PETIT CHAPERON ROUGE. J’avoue que j’aime la manière dont les auteurs sont capables de s’emparer et de réinterpréter continuellement ce conte.

J’espère que vous trouverez votre version parmi ces quelques exemples.

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Le Petit Chaperon Rouge
d’après les Frères Grimm
illustrations d’Ilya Green
Flammarion – Les classiques du Père Castor, 2010

 

Si vous avez envie de faire découvrir à votre enfant le célèbre conte dans sa version avec le chasseur (donc celle de Grimm), je vous conseille fortement cet album illustré par la talentueuse Ilya Green. On y retrouve un joli contraste entre les verts naturels de la forêt et la gamme de rouge pour les figures humaines. Les visages très lisses des personnages, et notamment les pommettes rouges de la petite fille, donnent une certaine intemporalité à l’histoire, comme si elle était figée dans un mimétisme exagéré pour mieux faire transparaître le danger.

Proposé dans un petit format souple à tout petit prix, voilà une belle approche pour relire les contes classiques à vos bambins.

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Le Petit Chaperon Rouge
adaptation de Cécile Alix
illustrations d’Anne Crahay
l’élan vert – les petits m les contes, 2015

 

Voici une autre version, plus adaptée aux jeunes lecteurs (dès 3/4 ans) car le texte a été véritablement retravaillé pour eux. Le vocabulaire est imagé, rimé, et rythme l’avancée des personnages avec fluidité. Du côté des illustrations, on retrouve le style très géométrique d’Anne Crahay avec des couleurs tranchées qui permettent de différencier rapidement les éléments figuratifs sur une page.

Pétillante, drôle et ludique l’histoire n’a pas pris une ride, voire est remis au goût du jour par ce duo d’autrices.

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L’histoire du loup : et du petit chaperon rouge aussi !
texte et illustrations de Seblight
Alice jeunesse – Histoires comme ça, 2018

 

Dans une atmosphère très cartoon, Seblight s’amuse avec les personnages du célèbre conte. Il propose ici un petit chaperon rouge qui ne discerne pas le mal chez le loup et le prend pour son ami. Quand au loup, il lui faudrait des crocs bien plus acérés pour pouvoir dévorer la petite fille. Mais une fois qu’il les aura trouvé, sera-t-il capable de renoncer à son seul ami ?

J’ai beaucoup aimé le côté rétro des illustrations aux tons surannés et le jeu autour des silhouettes. Un album accessible dès 4/5 ans même si on ne connait pas le conte original car la chute humoristique est abordable sans.

 

Un Petit chaperon à croquer
texte de Rémi Chaurand
illustrations de François Maumont
Milan jeunesse, 2015

 

Dans cette version détournée, les auteurs s’amusent à écrire une sorte d’épilogue/suite au conte tant connu. La jeune fille qui se présente connaît le conte et sait donc qu’il ne faut pas écouter le loup. Elle décide donc de négocier pour éviter de se faire manger et finit par partager son panier avec le canidé. Les illustrations empruntent beaucoup aux cartoons américains avec des proportions qui révèlent les caractères et ce, d’autant plus, que le texte est inscrit dans des bulles type bande-dessinée.

Ce n’est pas mon conte détourné préféré mais une version assez originale pour qu’on la mentionne.

 

Le Petit Chaperon rouge n’a pas tout vu
texte et illustrations de Mar Ferrero
Gallimard jeunesse – Giboulées, 2015

 

Dans cet album-ci, c’est une autre version, plus moderne, du conte qui nous est racontée : une autre vérité qui apporte des solutions crédibles à certains détails de l’histoire. Pour nous révéler le tout, l’auteur fait parler le petit chaperon rouge, le loup, les animaux de la forêt et la grand-mère, chacun leur tour (en utilisant le « je »). Le titre qui peut être compris de bien des façons prend tout son sens et son comique supplémentaire quand on arrive à la fin de l’histoire. Les illustrations faites aux crayons de couleurs donnent un côté enfantin à l’histoire ainsi qu’une légèreté dont est loin le conte original.

Ce détournement espagnol faut franchement le coup d’œil 😉

 

 

Promenons-nous dans les bois
texte de Bénédicte Rivière
illustrations de Mélanie Allag
l’élan vert – les petits m, 2015

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En fredonnant la comptine « promenons nous dans les bois pendant que le loup n’y est pas… » le petit chaperon rouge tombe sur une ribambelle d’autres animaux aux dents plus impressionnantes les unes que les autres. Et ils aimeraient bien faire leur quatre heure de la petite fille. Dommage pour eux, la petite souris qui collectionne les dents a un ami des plus impressionnant.

Dans une randonnée aussi extraordinaire qu’improbable, Bénédicte Rivière s’inspire plus qu’elle ne revisite le conte de Perrault. Ce qui au final n’est pas très grave tant cette version pleine d’humour devrait plaire aux enfants. Entre la petite souris, le dinosaure, le loup et une bataille pour savoir qui dînera du petit chaperon rouge, pas un seul temps mort. Et comme le trait crayonné de Mélanie Allag donne à ses personnages des frimousses bien vivantes, l’ensemble ne manque pas de piquant.

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Le Petit Chaperon quoi ? : une histoire à deviner
texte et illustrations de Raphaël Fejtö
l’école des loisirs – loulou&cie, 2016

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Un petit format cartonné dont je trouve le concept intéressant puisque chaque page propose un jeu autour de l’histoire du Petit Chaperon rouge. Différences entre deux images, devinettes ou observations font de cette lecture un moment ludique.

Je mettrais un petit bémol cependant. Je trouve le graphisme adapté à la collection Loulou&Cie qui s’adresse aux tout-petits mais je pense que cette cible aura du mal à répondre à toutes les questions car il faut déjà connaître l’histoire pour pouvoir avoir l’ensemble des solutions. Cela n’empêche pas la lecture mais cela peut frustrer certains enfants.

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Raconte à ta façon…. Le Petit Chaperon rouge
de Sonia Chaine et Adrien Pichelin
Flammarion Jeunesse, 2016

 

Voici un album sans texte qui propose au lecteur de raconter l’histoire du Petit Chaperon rouge de la manière dont il le souhaite tout en conservant la trame des frères Grimm avec le chasseur en conclusion. Le principe est bien fait et le marque page qui vient rappeler la légende est une bonne trouvaille. Malgré cela, j’ai surtout vu dans cet album une retranscription du travail de l’artiste suisse Warja Lavater qui avait transposé le conte en un lopporelo sans texte et très graphique.

L’interprétation du conte est ici plus enfantine avec des aplats de couleurs vives pour désigner paysage et personnage. Quand au loup, il est représenté par une paire de ciseaux… un choix que je n’ai pas bien compris.

Bref, vous l’aurez remarqué, je lui loin d’être conquise mais je le mentionne tout de même dans cette chronique car il peut être intéressant en découverte.

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La Fourmi et le loup
texte et illustrations de Jeanne Ashbé
l’école des loisirs – Pastel, 2016

 

Jeanne Ashbé a vraiment l’art de raconter aux tout-petits. Dans cet album grand format à la couverture cartonnée, on suit le parcours d’une fourmi qui, cherchant à manger, se retrouve dans un pot de beurre qui va être transporté dans un panier. On rentre donc dans ce livre sans réellement savoir qu’il s’agit d’une version détournée du Petit chaperon rouge. On le comprend au fur et à mesure que l’on voit les faits se dérouler du point de vue de l’insecte. Car toute l’originalité de l’histoire repose sur cet élément, la fourmi se faisant spectatrice malgré elle de ce drame domestique.

Les illustrations reflètent elles-aussi le regard de l’animal et l’échelle de son environnement y est adapté. Ainsi tous les éléments mobiliers paraissent gigantesques. Une proposition très intéressante qui retient l’attention des plus petits comme des plus grands.

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Le Petit chaperon chinois
texte de Maire Sellier
illustrations de Catherine Louis
Picquier jeunesse, 2010

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Marie Sellier revisite avec brio le conte de Perrault dans ce magnifique album lopporelo. Elle échange d’abord la place des personnages en proposant une grand-mère qui se fait manger en rendant visite à ses petites filles. Puis elle allie des références au Loup et les sept chevreaux en montrant combien les enfants se méfient de ce personnage dans lequel elles ne reconnaissent pas leur mère-grand. Le mélange est étonnant et apporte une vraie originalité.

Les illustrations tout en rouge et noir jouent autour du principe des ombres chinoises (d’où le titre). Les paysages et personnages font eux aussi référence à l’asie avec des symboles facilement reconnaissables : dragons, cerisiers…

Un ouvrage de belle manufacture que je suis heureuse d’avoir dans ma bibliothèque

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Challenge Je lis aussi des albums 2018 chez Hérisson 33 à 42/60

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Bonus :

revêtir le chaperon et prendre sa place…

Mon Petit Chaperon Rouge
by phil sicoins
via Flickr

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