Une chronique un peu longue, qui murit depuis un petit moment et qui s’est vue rajouter quelques titres au fil de mes lectures. En tout cas, je vous propose d’y explorer les liens familiaux quels qu’ils soient.
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Et pourquoi pas commencer avec un petit imagier cartonné tout ce qu’il y a de plus basique. A mettre dans les mains des plus jeunes enfants pour ses animations et tirettes aussi ludiques que solides. Mon imagier de la famille dans la collection Kididoc chez Nathan (2013) illustré par Nathalie Choux est un exemple en la matière.
La Ballade de papa
texte de Catherine Moreau
illustrations d’Elise Mansot
l’elan vert – les petits élans, 2013
« Ma main est un petit oiseau.
Dans la grande main de papa
Qui est un nid tout chaud. »
Avec des mots simples et une rythmique très poétique, Catherine Moreau m’a fait sourire tant mes enfants pourraient se reconnaître dans le héros de l’album. Eux, qui passent leur samedi avec leur père, pendant que maman travaille. Eux qui vivent des moments singuliers, dont j’espère ils garderont une trace toute leur vie (comme je peux encore me souvenir de mes sorties du samedi matin seule avec mon père). Les illustrations à la pastelle d’Elise Moreau donnent à l’histoire une douceur délicate, l’impression de se glisser dans un doux nid.
Une jolie histoire à offrir à tous les nouveaux papas pour leur montrer les instants magiques qu’ils ne manqueront pas de vivre.
Les Papas et les mamans
texte de Peter Bently
illustrations de Sara Ogilvie
Milan, 2014
Voici un joli album, un peu catalogue, sur les supères choses que nous, parents, nous réalisons tous les jours pour nos enfants. Car oui, on peut s’énerver, se fâcher, être contrarié mais malgré tout nous adorons nous occuper de nos chers bambins.
« Maman est un canapé très confortable et papa une parfaite poubelle de table. »
J’avais déjà apprécié le sacré coup de crayon de Sara Ogilvie dans Une Princesse pas comme les autres et j’ai de nouveau retrouvé la joie de vivre que dégage son travail.
Cet album est une vraie bouffée de bonne humeur, alors ne vous en privez pas.
Petit Ouistiti
texte et illustrations de Martine Bourre
Didier Jeunesse, 2015
Quand on est tout petit et qu’on se retrouve dans les bras des grands, on a l’impression d’être un véritable singe qui passe de bras en bras comme de branche en branche. On a l’impression de découvrir un autre monde depuis les hauteurs.
Martine Bourre sait décidément parler aux tout petits avec une aisance et une fluidité remarquable. Peu de texte et des éléments d’illustrations relativement simple mais un ensemble compréhensible avec une seule lecture de l’image. Le texte vient alors comme une rythmique supplémentaire fort agréable.
Un joli ouvrage sur la famille dans son cocon et sa solidarité autour du tout-petit.
Je serai toujours là
texte et illustrations d’Emma Dodd
Albin Michel Jeunesse, 2013
Moment de tendresse et de câlins que cet album au petit format carré, idéal pour les plus petites mains. Dans le cocon de la famille, dans la sécurité du parent, l’enfant apprend à s’épanouir, à explorer et grandir. Notons au passage que le sexe du parent ours n’est pas déterminé, ce que j’ai tout de suite apprécié tant les mots prononcés par ce parent sont universels.
Ce livre met en scène des évidences. Les images sont douces, et la famille ours sur sa banquise semble très heureuse. Petit plus avec gris argenté qui brille pour le régal des yeux des bambins. Simple et très joli à la fois, véritable déclaration d’amour à son enfant.
« Je prendrai soin de tes rêves…
et ferai tout pour qu’ils se réalisent. »
Encore un frère !
texte et illustrations de Matthew Cordell
Didier Jeunesse, 2014
« 12 frères en tout !
Daniel n’était plus qu’un parmi d’autres.
Et ce n’était que le début… »
J’ai complètement craqué pour cet album et la frimousse de ses moutons. Les parents ont l’air complètement dépassé par cette fratrie et le grand frère est exaspéré par ses nombreux petits frères qui recopient à longueur de journée ses faits et gestes. Les situations sont très drôles et surtout très vraies. Je le vois bien chez mes enfants ou dans mes propres souvenirs. Et puis l’auteur a su aussi exprimer la déception et le manque de cet aîné quand les petits prennent leur envol.
Un album malicieux à partager en famille.
Mon grand-père
texte de Christine Schneider
illustrations de Gilles Rapaport
Seuil jeunesse, 2014
Cet album m’a rendu franchement nostalgique. Car même si le grand-père décrit ici ne ressemble pas forcément au mien, il m’a remémoré toutes les sensations et les situations de complicité que j’ai pu avoir avec lui. C’est un album doux, qui parle à la première personne de la perte mais aussi et surtout du souvenir. C’est un livre qui permet de parler avec émotion mais sans caricature de la disparition d’un être cher…
Dans la même thématique mais dans un style tout à fait différent, je vous conseille aussi la lecture de J’ai laissé mon âme au vent de RM Galliez et Eric Puybaret qui parle cette fois-ci du point de vue du disparu.
Et puis parce qu’il y a des familles décomposées et recomposées aussi… avec plusieurs papa, plusieurs maman et des nouveaux frères et sœurs…
La Grande aventure du Petit Tout
texte d’Agnès de Lestrade
illustrations de Liziana Romanin
Éditions Sarbacane, 2014
Monsieur et Madame Tout s’aimaient quand ils ont eu leur Petit Tout. Désormais ce n’est plus le cas. Chacun habite de son côté. Madame Tout refait sa vie et aime tellement Monsieur Rien qu’il font un petit Quelque Chose…
Comme d’habitude Agnès de Lestrade sait manier les mots et exprimer avec finesse les sentiments parfois si complexes d’un enfant, d’un tout petit, d’un Petit Tout. J’ai vraiment trouvé beaucoup de charme et de délicatesse à ce grand album. Entre ses illustrations aux tons sépias, ses personnages crayonnés et ses mots tendres, il est une belle manière de décrire une famille qui se sépare pour en reconstruire une nouvelle.
Pas de larmoyant, pas de facilité non plus, Petit Tout n’aime pas trop son beau-père ni son demi-frère, en tout cas au début. Car tout est toujours en mouvement dans la vie et les sentiments aussi il ne faut pas l’oublier. On a le droit de changer d’avis sur une personne comme ici entre Petit Tout et Quelque Chose.
J’ai beaucoup aimé l’emploi de ces expressions en nom commun. Cela identifie bien la notion de famille et les concepts qui y sont liés. La charge émotionnelle est là et Agnès de Lestrade avec tout son talent a su la désamorcer et la transformer en littérature.
« Petit Tout voyait monsieur Tout de temps en temps. Mais jamais assez à son goût.
Petit Tout avait l’impression qu’on l’avait coupé en deux par le milieu. »
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7 participations supplémentaires au Challenge Je lis aussi des albums 2015 chez Hérisson 83 à 89/100
et en Bonus :
une photo de famille pas comme les autres 😉
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