La figure de l’ogre est un personnage classique des contes et de la littérature de jeunesse.
Voici deux albums qui l’explore de manière bien différente et dont les visions se confrontent.
D’entre les ogres
texte de Gilles Baum
illustrations de Thierry Dedieu
Seuil jeunesse, 2017
Un ogre trouve un panier contenant un enfant. Cela fait tellement de temps qu’ils veulent être parent avec l’ogresse, qu’ils élèvent cet enfant comme le leur, cédant à la petite fille ses moindres caprices. Mais quand vient le temps des questions sur leur différence de régime, l’ogre ne voit qu’une seule solution : la rendre aux humains.
Gilles Baum signe un album percutant au texte fort et emblématique. Il dit l’amour contre-nature de cette famille cannibale pour ceux qui d’habitude font son dîner. Les ogres apparaissent dans ces pages comme des parents comme les autres, s’attachant avant tout au bien être de leur enfant, quitte à ce que cela loin d’eux. Le retour de la petite chez les humains est une épreuve effroyable pour le lecteur qui voit l’ogre, si gentil, si attachant, être capturé pour n’avoir su abandonné son enfant. La fin soulève de nombreuses questions sur la notion de famille, d’amour et sur les différences entre les hommes.
Du côté des illustrations, je découvre une partie du travail de Dedieu que je connais peu. Utilisant uniquement le crayon gras et la pastel, il transmet une atmosphère tendue, proche de la colère, qui met mal à l’aise et confirme le sentiment de peur qui prend le lecteur au fur et à mesure de sa lecture (malgré les bouilles plutôt rigolotes des ogres il faut le dire).
J’ai fait la lecture de cet album à la maison et ma Petit Bout de 6 ans a eu un fort ressenti à la sortie, me demandant de ne pas relire l’histoire qui lui a fait trop peur. Elle n’a pas réussi à mettre de mots sur ce sentiment mais je pense que l’ambiance générale de l’album l’a marquée.
« Et bien sûr il est surpris.
Bien sûr, il est encerclé.
Bien sûr il est pris.
On ne fait pas de procès
à un mangeur de chair humaine.
On le condamne et on le tue. »
les ogres
texte et illustrations de Jean Gourounas
rouergue, 2017
« Ouh làlà courez courez ! » tels sont les quelques mots qui se répètent en boucle durant la lecture de cet album cartonné à destination de la petite enfance. On y suit de petits personnages colorés pourchassés par une figure ogresque très sombre. Chaque double page est munie de découpes desquelles on suit cette fuite haletant face à un monstre omniprésent. On se prête alors facilement au jeu du avant/après, devant/derrière pour prolonger la course.
Le fond des illustrations (blanc avec quelques traits gris) est clairement mis en retrait face aux personnages colorés. Jean Gourounas insiste ainsi sur le rythme de l’histoire et laisse donc le lecteur dans l’expectative de la chute. Pourtant en faisant attention à ces fonds, on comprend aisément où nous emmène l’auteur : une intrigue rassurante où un père et ses enfants velus jouent ensemble. Le graphisme très ludique m’a franchement séduite.
Une lecture à conseiller dès 2/3 ans
Objectif lecture de février 2017
Objectif lecture de mars 2017
Challenge Je lis aussi des albums 2017 chez Hérisson 52 et 53/100
Pour en savoir plus :
@ les avis de Pépita, Alice, Jérôme et Ricochet sur D’entre les ogres
@ une lecture commune A l’Ombre du Grand Arbre à propos D’entre les ogres
@ l’avis de Clarabel sur Les Ogres
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Bonus :
l’accessoire indispensable pour ces personnages monstrueux… ou pas