Le faire ou mourir de Claire-Lise Marguier

texte de Claire-Lise Marguier
Le Rouergue – DoADo, 2011

Dam est le nouveau du collège, et comme dans le précédent, avec son physique de « frite molle » il devient le souffre douleur. Il encaisse, ne dit rien, cherche à faire le moins de vague possible. Il ne veut qu’une chose : sortir de cet enfer. Il évacue sa douleur avec des scarifications, seul moyen de se contenir, se maîtriser. Aussi ne s’attendait-il pas à ce que quelqu’un s’interpose alors qu’il se faisait tabasser par les skatteurs. Et surtout pas Samy, ce gothique tout de noir vêtu, tatoué et percé, comme tous ceux de sa bande. Samy qui le premier fera un geste tendre vers Damien.

Difficile de dire toute l’émotion contenue dans ce roman. Damien, dit Dam, est fait de solitude et de frustration. Personne ne voit son calvaire ou alors ils s’en moquent. Son père aimerait le voir plus viril, plus macho, le tourne en ridicule dès qu’il peut, tout comme sa grande sœur. Sa mère, elle, tourne la tête, fait semblant de ne rien voir. Il est finalement aussi seul dans sa famille que dans le reste de sa vie.

Et puis il y a ce groupe de gothiques qui entre dans la vie de Dam, qui l’accueille, le câline, lui apporte des choses auxquelles il ne pensait même pas. Sa relation particulière avec Samy est amicale, puis petit à petit elle passe à autre chose jusqu’à devenir amoureuse… Dam n’aime pas les garçons mais CE garçon répond-t-il à son père.

Père, qui, finalement excédé de son look et de ses nouvelles fréquentations de « tapette » va le priver de ses amis, l’enfermer plus encore dans sa solitude. Mais Dam ne peut renoncer à ce bonheur enfin trouvé, il s’oppose à son père, se mutile de plus en plus pour évacuer la pression qui monte crescendo entre le père et le fils…

…jusqu’au drame. Le point crucial de ce livre arrive à un moment déterminant dans la vie de Dam, le passage à l’acte avec Samy. C’est une chose très importante dans le vie de tout adolescent (il me semble) et là il le devient à tel point que le titre prend tout son sens : LE FAIRE OU MOURIR.

La grande intelligence de ce roman réside dans les deux fins qu’il propos (je vous dévoile là une partie du mystère mais qui n’enlèvera rien à l’intensité de votre lecture). La violence est inévitable, et la première fin, puissante. La deuxième est beaucoup plus humaine, tolérante, pleine d’espoir pour Dam et sa vie future… je sais laquelle j’ai choisie et je m’y tiens 😉 Il n’y pas de morale, au contraire, juste l’envie de comprendre ce qui fait basculer la vie d’un côté ou d’un autre.

Claire-Lise Marguier, dont c’est le premier roman, nous offre un grand moment de lecture en peu de pages (102 p.). La justesse des émotions qu’elle décrit, les sujets difficiles traités sans tabou, font de ce roman un petit bijou. Tout tient dans l’intensité de la vie à l’adolescence et elle l’a si bien compris.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas autant pleuré devant un livre. Il m’a complètement bouleversé, au point qu’encore aujourd’hui je pourrais le relire avec la même émotion alors que j’en connais déjà les issus.

 

bouma

Ce roman compte pour mon Challenge Chez vous

et dans le défi lecture de mai.

 

Pour en savoir plus :

@ les avis de Eidole, Radicale, Stephie, Theoma, Citrouille, Laure, Marylène, Clara et Tiphanya

@ une interview (rare) de Claire-Lise Marguier sur le site In Cold Blog

@ la collection DoAdo au Rouergue

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Bonus :

la couverture est signée Dorothée Shoes, qui vient de sortir son premier livre de photo : Django du voyage.

allez faire un tour sur son site car là aussi son talent est indéniable

14 commentaires


  1. // Répondre

    Ce roman a l’air fort en émotions et tu me donnes très envie de le lire! Je le note!


    1. // Répondre

      il faut le lire ! je suis à peu près sûre qu’il te plaira


  2. // Répondre

    J’avais trop envie de le lire celui la du coup je l’ai acheté la semaine dernière ! Apparemment j’ai bien fait !


    1. // Répondre

      oh oui tu as eu de l’instinct. bonne lecture. j’attends de lire ton avis


  3. // Répondre

    Je viens de le terminer et je l’ai vraiment beaucoup aimé. Et le fait qu’il y ait deux fins possibles, rend la seconde beaucoup plus forte je trouve.


  4. // Répondre

    TTTTTTttttt! D’habitude, je te le dis, j’ai du souci avec la collection Doado du Rouergue. Les textes ne me plaisent pas. Je les trouve trop terre à terre, certes réalistes, mais trop ancrés dans un contexte bien précis (société française, contemporaine). Mais là, je pense faire une exception car en lisant ton billet, je suis forcément très tentée. Un peu peur aussi, car je n’ai pas envie de « souffrir ». Mais on sait qu’en litté jeunesse, ce genre de roman font du bien. Alors je le note. Et dès que je le trouve (et si les finances suivent) je le prends.


    1. // Répondre

      je crois que je pourrais le relire indéfiniment…


  5. // Répondre

    Un coup de coeur pour moi aussi qui nous fait vraiment réfléchir. Bouleversant.


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