Si le nom de Cendrillon évoque immédiatement le conte de Charles Perrault, la version signée Joël Pommerat offre une expérience bien différente, tout aussi captivante. Cette Cendrillon-là, c’est une réécriture contemporaine, sensible et poétique, qui s’inscrit dans une longue tradition de réinvention des contes classiques. Pour les amateurs de théâtre, de littérature jeunesse ou simplement pour ceux qui aiment redécouvrir des histoires connues sous un angle nouveau, la pièce Cendrillon de Joël Pommerat mérite toute notre attention.
Une réécriture contemporaine du conte classique
Joël Pommerat s’empare du célèbre conte de Cendrillon pour en proposer une lecture moderne, à la fois fidèle à l’esprit du récit et profondément ancrée dans notre époque. L’histoire de la jeune fille maltraitée par sa belle-mère et ses sœurs, rêvant d’un autre destin, reste reconnaissable, mais elle est revisitée avec une grande sensibilité. Le dramaturge et metteur en scène choisit de moderniser le cadre, les personnages et surtout le langage, pour toucher un public d’aujourd’hui, enfants comme adultes.
Le texte, publié par les Ateliers d’Actes Sud, est une création pleine d’émotion et de poésie. Il conserve les grandes étapes du conte – la marraine, le bal, la chaussure, la rencontre avec le prince – mais les réinterprète avec une économie de moyens et une grande économie de mots. Le résultat est une pièce sobre, touchante, qui parle de solitude, de rêves, de transmission et de la force des liens familiaux, même quand ils sont douloureux.
Un ton plus sombre et une fin ouverte
Contrairement au conte traditionnel, souvent enjoué et rassurant, la Cendrillon de Joël Pommerat s’ouvre sur un ton plus grave. La pièce commence par la narration de la mort de la mère de Cendrillon, ce qui installe d’emblée une atmosphère mélancolique et poignante. Cette entrée en matière souligne la fragilité de l’enfance et les terreurs qui peuvent l’habiter, thème cher à Pommerat dans ses adaptations de contes.
La fin, elle aussi, s’éloigne du « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Ici, la conclusion est plus ouverte, plus nuancée. Elle invite le spectateur à se questionner sur ce qui suit, sur la réalité derrière le rêve, sur la place de la fiction dans nos vies. Cette fin ouverte renforce l’engagement du public et laisse une trace durable, bien au-delà de la représentation.
Des personnages modernes et des rôles inversés
Les personnages de Cendrillon de Joël Pommerat sont reconnaissables – la jeune fille, la belle-mère, les deux sœurs, le prince, le roi, les gardes, la fée – mais ils sont profondément modernisés. Le langage est familier, parfois cru, ce qui ancre l’histoire dans un cadre spatio-temporel contemporain et la rend plus accessible, notamment pour les jeunes spectateurs.
Une des grandes originalités de cette adaptation réside dans l’inversion de certains codes. Par exemple, ce n’est pas Cendrillon qui perd la chaussure, mais sa belle-mère. Et c’est Cendrillon qui possède la chaussure du prince, ce qui renverse la dynamique traditionnelle du conte. Le prince lui-même apparaît comme un personnage perdu, triste, en quête de quelqu’un à qui parler sans être jugé, ce qui ajoute une dimension psychologique inédite et touchante.
Pourquoi voir ou relire Cendrillon de Joël Pommerat ?
Assister à la représentation de Cendrillon de Joël Pommerat, ou simplement lire le texte, c’est l’occasion de redécouvrir un classique sous un jour nouveau. C’est aussi une belle entrée en matière pour aborder le théâtre avec des adolescents ou des enfants, tant l’écriture est claire, poétique et porteuse de sens.
Si vous aimez les histoires qui parlent de rêves, de résilience et de la magie du théâtre, cette pièce est faite pour vous. Et si vous cherchez des idées pour accompagner la lecture ou la découverte d’un texte au théâtre, pensez à explorer des méthodes qui font aimer la lecture dès le plus jeune âge, comme celles que l’on retrouve dans certaines approches pédagogiques inspirantes.