Chenille poilue de Marie Sellier est un album jeunesse qui intrigue autant par son titre que par son héroïne : une petite princesse affublée d’un surnom pas vraiment flatteur. Destiné aux enfants dès 3 ans, ce livre illustré par Aurélia Fronty mêle humour, poésie et observation du monde des insectes pour aborder en douceur des thèmes essentiels comme l’estime de soi, la différence et le regard des autres.
Un album jeunesse dès 3 ans, entre conte et nature
Publié en 2021 dans un format illustré d’une quarantaine de pages, Chenille poilue s’adresse aux tout-petits comme aux jeunes lecteurs qui commencent à se passionner pour les histoires plus longues.
On y suit une princesse à qui l’on donne le surnom de « chenille poilue ». Autour d’elle, les insectes, les poils, les ailes, les métamorphoses deviennent un terrain de jeu narratif. L’album s’inscrit dans la lignée des contes et légendes jeunesse, tout en restant très accessible.
Ce mélange entre imaginaire (la princesse, le surnom) et observation du vivant (les insectes, la chenille qui se transforme) en fait une lecture idéale pour les enfants curieux du monde qui les entoure.
Une histoire de surnom, de différence et de métamorphose
Au cœur du livre, il y a ce surnom : « chenille poilue ». Derrière l’humour, l’album parle de ce que l’on ressent quand on se sent différent, quand le regard des autres pique un peu, comme un poil qui gratte.
À travers la figure de la chenille, l’histoire montre qu’on peut être maladroit, pas très gracieux, un peu à part… et pourtant porteur d’un potentiel immense. La métamorphose en papillon, même si elle n’est pas forcément racontée de manière scientifique, plane sur tout le récit comme une promesse : on a le droit de changer, de grandir, de devenir soi.
C’est une belle porte d’entrée pour parler avec les enfants :
- des surnoms à l’école ou en famille,
- du fait de ne pas se sentir « comme les autres »,
- de la manière dont on peut transformer une moquerie en force.
Le style de Marie Sellier : poésie, simplicité et humour
Marie Sellier est une autrice reconnue de littérature jeunesse, avec de nombreux ouvrages parus, notamment en 2021. Dans Chenille poilue, elle retrouve ce qui fait sa marque : une langue simple, musicale, qui se lit à voix haute avec plaisir.
Les phrases sont courtes, rythmées, parfaites pour une lecture du soir. L’humour adoucit les sujets plus sensibles, et la poésie des images verbales permet aux enfants de se projeter sans être submergés par l’émotion.
Pour les parents qui cherchent des livres qui donnent envie de lire dès le plus jeune âge, cet album peut s’inscrire dans une démarche plus globale pour faire aimer la lecture dès le plus jeune âge.
Les illustrations d’Aurélia Fronty : couleurs, textures et imaginaire
Les illustrations d’Aurélia Fronty jouent un rôle central dans l’attrait de Chenille poilue. On y retrouve :
- des couleurs vives et profondes, qui accrochent immédiatement le regard des enfants,
- des motifs inspirés de la nature (feuilles, herbes, insectes),
- des personnages stylisés, expressifs, qui laissent une grande place à l’imaginaire.
Le format illustré permet de se plonger dans chaque double page comme dans un petit tableau. Les enfants aiment repérer les détails : un insecte caché, une expression de visage, un motif de robe… Autant d’éléments qui encouragent à revenir plusieurs fois sur le livre.
Comment lire Chenille poilue avec un enfant ?
Pour profiter pleinement de cet album, quelques pistes simples peuvent aider :
- Lire à voix haute en exagérant un peu les émotions de la princesse, pour que l’enfant ressente ce qu’elle vit.
- Observer les images avant de lire le texte : « Que vois-tu ? Qui est cette chenille poilue ? Est-elle contente, fâchée, triste ? »
- Parler des surnoms : demander à l’enfant s’il en a, s’il les aime, comment il se sent avec.
- Relier à la nature : profiter de l’histoire pour observer de vraies chenilles, papillons ou insectes au jardin ou au parc.
Cette lecture peut aussi être un point de départ pour inventer ensemble d’autres histoires de princesse, de chenille ou de papillon, et ainsi nourrir l’imaginaire de l’enfant.
Pour quels enfants et quels moments de lecture ?
Chenille poilue convient particulièrement :
- aux enfants dès 3 ans, pour une lecture accompagnée,
- aux enfants de maternelle qui commencent à commenter les images et à raconter l’histoire à leur manière,
- aux fratries, car le thème du surnom parle souvent aux grands comme aux petits.
C’est un excellent choix pour :
- le rituel du soir,
- les temps calmes en classe ou en bibliothèque,
- les moments où un enfant traverse une période de doute sur son apparence ou sa place parmi les autres.
Un album qui ouvre vers d’autres lectures
Si vous avez aimé accompagner votre enfant avec Chenille poilue, vous pouvez prolonger l’expérience avec d’autres livres qui parlent de transformation, de confiance en soi ou de personnages atypiques. Les albums jeunesse, les romans courts ou les contes revisités sont autant de supports pour nourrir cette réflexion.
Pour les parents et médiateurs du livre, il peut aussi être intéressant de réfléchir plus largement à la place de la lecture dans le quotidien de l’enfant, ou de découvrir d’autres œuvres jeunesse marquantes, comme celles présentées dans des analyses de romans et de récits initiatiques.
Et si cette première rencontre avec un album illustré vous donne envie d’explorer d’autres univers littéraires, vous pouvez par exemple vous plonger dans des analyses de romans comme 3000 façons de dire je t’aime, qui, à un autre niveau, interroge aussi les liens, l’identité et la manière dont on se construit au contact des autres.
Avec sa princesse au surnom piquant, ses insectes malicieux et ses couleurs éclatantes, Chenille poilue de Marie Sellier s’impose comme un album tendre et intelligent, à la fois ludique et profond, qui accompagne les enfants dans l’une des plus belles métamorphoses : celle de grandir en restant soi.